elles....
Elle a commencé très tôt, à peine treize ans...
Pourquoi? Par connerie assurément au début.
Parce qu'à l'époque, fumer était encore quelque chose de "cool", heureusement cette tendance s'est inversée de nos jours où les fumeurs font figure de losers.
Mais en ce temps-là, ne pas fumer était synonyme de ringardise.
Et qui à l'entrée de l'adolescence a envie d'être catalogué de ringard?
Alors forcément, il y a toujours un pote,un peu plus "en avance" que les autres, qui va amener le tabac dans le groupe, et mettre au défi tout le monde..
T'es même pas cap!!!!
Si je suis cap, regarde!
Connerie!!
Mais qui permets de se sentir comme faisant partie intégrante du clan, du groupe, des "cools", alors connerie ou pas...
C'est aussi évidemment l'attrait de l'interdit, l'envie de franchir les limites, et nous savons tous à quel point c'est attirant à l'âge "bête".
Je ne cherche pas à me trouver des excuses, j'aurai aimé avoir suffisamment de force de caractère à l'époque pour résister, et comprendre que ce n'est pas nos actes stupides qui nous définissent.
Mais je ne l'ai pas été.
Je me souviens encore de la première...
Une Fine120 au menthol!! Le pire je crois.
Je me souviens des réflexions des amis: "arrête de crapoter!!, inhale!!!"
Je me souviens très précisément de la première fois où ce poison est entré dans mes
poumons.
La brûlure, les poumons qui explosent, la quinte de toux, la tête qui tourne, l'envie de vomir.
Je me souviens aussi que ce jour, une fois de plus, j'ai oublié que j'avais un cerveau, car plutôt que de me dire "je ne devrais pas", je me suis dit "je ne serai pas capable de le faire".
Et j'ai donc tout fait pour me prouver le contraire.
Et j'ai réussi.
Comme je ne suis pas du genre à faire dans le demi-mesure, à 16, 17 ans je fumais déjà un paquet par jour.
Treize ans, trente-cinq ans: j'ai plus d'années de fumeuse au compteur que de non-fumeuse, et ça fait peur.
Très peur même.
Ça fait partie de moi, c'est ancré en moi.
Ce n'est pas une "mauvaise habitude", cela me définit.
Mel, brune, petite, fumeuse, etc......
Une amie proche chez qui je suis allée récemment n'a pas mis plus de cinq minutes pour me dire "merde Mel!! t'as arrêté de fumer ou quoi?!!".
Moins de cinq minutes, juste effrayant...
La tabacologue que je suis allée voir récemment m'a dit (entre autres énormes conneries...): "Oula!!! quasi impossible pour vous!!"
Tabacologue....
Pour ensuite me prescrire la dernière molécule miracle à la mode(qui après un petit tour rapide sur le net donne pas très envie), sans même un examen ou une radio, avec un air très dubitatif quant à mes chances de succès.
Merci Madame et oui bien sur je viens vous redonner votre chèque dans quinze jours.
J'ai déjà arrêté deux fois de fumer.
La première fois, quand le destin m'a fait me tourner vers une carrière paramédicale, je me suis dit bêtement que dans ce milieu, je risquais de faire un peu tache comme fumeuse.
J'ai vite déchantée.
Et au bout d'un an dans le premier service où j'ai été affecté (et accueilli par une surveillante clope au bec),j'ai replongé.
La deuxième fois, une semaine avant mes trente ans.
Je m'étais fixé cela comme deadline, le mot est bien choisi.
J'ai tenu plus longtemps, quatre ans en tout.
Et là aussi, j'ai replongé.
Une soirée chez des amis bienveillants qui sortent fumer dehors, et comme je suis la seule non-fumeuse...je les rejoins, et je commence à oublier pourquoi j'ai arrêté.
Il n'aura pas fallu plus de cinq minutes là aussi pour qu'un combat de quatre ans cesse brusquement.
Je dois dire, à ma décharge, que les deux fois où j'ai arrêté de fumer, je l'ai fait seule.
Par seule j'entends deux choses: d'abord sans aide médicamenteuse ou autres, ensuite sans appui, sans aide.
Seule.
Et arrêter de fumer, c'est juste l'enfer, c'est juste impossible, enfin sur le moment.
Quand c'est à ce point en soi, cela revient à s'amputer d'une partie de soi.
On dit souvent que c'est une question de volonté.
Certains rajoutent même "juste" une question de volonté.
Ceux-là n'ont jamais fumé.
Car il ne suffit pas de se dire "je ne veux plus fumer donc j'arrête".
Cela serait trop simple ainsi.
Il faut aussi lutter de toutes ses forces contre soi-même.
Pas uniquement contre l'esprit, le cerveau en manque.
Mais aussi contre son propre corps qui du matin au soir vous hurle:"juste une Mel, c'est pas grand chose"
Contre ses mains qui ne savent plus quoi faire de leur dix doigts.
Contre ce geste devenu automatisme.
Contre ce plaisir à jamais perdu car, oui, les fumeurs éprouvent du plaisir à fumer.
Contre ces moments particuliers de la journée qui était consacré à cela et dont on ne sait plus quoi faire.
Contre ces pulsions, ces montées d'adrénaline, de colère, d'envie de mordre qui surgissent d'un coup et qui chez moi peuvent réveiller des instincts de violence.
Et cela demande une force, une énergie, volonté quasi inhumaine.
Cela fait bientôt presque deux mois que j'ai arrêté maintenant, et la sensation de manque commence tout juste à s'atténuer.
Ce n'est pas facile, loin de là..
Il y a même encore des moments dans la journée où je me dis que c'est trop dur pour moi, que je ne vais pas y arriver.
Mais les moments où j'entrevois le succès semblent désormais plus nombreux.
Alors, je suis heureuse, et m'autorise parfois même à être fière de moi.
Il y a surtout une énorme différence avec mes autres tentatives.
Car même si une fois de plus, j'ai choisi de ne pas faire appel à des "béquilles" médicamenteuses, je ne le fais pas seule pour autant.
Je le fais bien évidemment avant tout pour moi, pour mon bien-être, ma santé.
Mais je le fais aussi pour, et plus important encore, avec lui.
Et ça, cela fait toute la différence.
Je veux pouvoir écrire le mot "fin" à cette histoire avec elles.
Définitivement.
lundi 12 mai 2008
Mon histoire avec......
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